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Le cimetière israélite de Grevenmacher

inscrit au cadastre de la Ville de Grevenmacher
Section A de GREVENMACHER sous le numéro 1662/3802.
Bénéficie d’une protection nationale depuis le 12 mai 2021.

A) Motif:

Le cimetière israélite, situé proche du lieu-dit «Grueweréck», reste aujourd’hui un des rares témoins de la longue présence de la communauté israélite dans la métropole mosellane, présence qui date du début du 19e siècle jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Il faut néanmoins tenir compte d’autres lieux de Mémoire dans la métropole mosellane:

  • La section des Enrôles de Force «Ons Jongen» – Gréiwemaacher (Grevenmacher, Machtum, Niederdonven, Oberdonven) s. b. l. a fait ériger au pied du «Kräizerbierg» en 1998 une pierre entourée en 2014 par le «Square Ons Jongen». Sur cette pierre, témoignant de l’importance du site classé monument national en 2015, sont mentionnés 88 Enrôlés de Force, 28 Morts pour la Patrie ainsi que 7 Juifs assassinés aux Camps de la Mort, originaires de Grevenmacher.
Depuis 1998 une pierre de mémoire au pied du «Kräizerbierg» témoigne, sur le square « Ons Jongen » (2014) de l’importance du site. (Photo: Alain Goedert 2017).
En 2017, des pierres de mémoire ont été posées à Grevenmacher. (Photo : Patrick Frieden)
  • En l’honneur de 7 juifs de Grevenmacher assassinés dans des Camps de Concentration, des pierres de mémoire ont été posées en 2017 devant leurs lieux d’habitation respectifs.

B) Historique général:

Au début du 19e siècle, les premiers juifs s’implantent de façon durable à Grevenmacher. Une première mention de cette présence est fournie dans une lettre du 27 août 1808 du préfet du département des Forêts, Jourdan, au ministre de l’Intérieur.

La présence juive à Grevenmacher est de nouveau attestée en 1815 et en 1818. En 1842, avec l’entrée du Luxembourg au Zollverein, des liens économiques se créent rapidement entre les juifs des deux côtés de la Moselle. Après la guerre franco-allemande de 1871, le commerce peut se développer, et les familles israélites en profitent.

La ville de Grevenmacher avec sa population de quelque 2.500 habitants, longeant la frontière allemande, étant équipée d’un pont et desservie par une ligne de chemin de fer, présente certains attraits à la fin du 19e siècle, ce qui explique la présence de 100 Israélites, se répartissant sur 18 maisons en 1895.

Après une vague d’émigration de 1900 à 1918, le nombre de familles juives se stabilise autour de 45 membres après la Grande Guerre. Finalement, le recensement de 1935retient la présence de 42 israélites sur une population totale de 2.806 habitants. Une dernière vague d’émigration a lieu à la fin des années trente, due à la politique antisémite d’Hitler.

Le magasin Mayer-Wolf situé dans la grand-rue à Grevenmacher, était un des commerces tenus par des juifs. (Photo: Coll. André Ney)

En guise de conclusion, on peut retenir que, de 1818 à 1941, au moins 37 familles juives ont résidé temporairement ou durablement à Grevenmacher. Ces familles étaient fortement impliquées dans le commerce local.

C) Le culte israélite à Grevenmacher:

En date du 16 janvier 1885 est célébrée l’inauguration de la nouvelle « synagogue » à Grevenmacher. Cela ne devait pas être le premier lieu de rassemblement et de prière, d’autres endroits étant connus et mentionnés. Il faut préciser que cette « synagogue » était un simple oratoire, installé dans une maison d’habitation. Il faut également mentionner que ni le bourgmestre d’antan (Théodore Waldbillig), ni un autre membre de l’administration communale n’avaient participé à l’inauguration.

Peu de temps après, la maison en question sert également de bâtiment scolaire à la communauté juive. Jusqu’en 1918, un cantor guide la communauté juive de Grevenmacher; il dirige les cérémonies et est également chargé de l’enseignement des jeunes Israélites.

D) Le cimetière juif:

En 1890 la communauté israélite de Grevenmacher, devenue de plus en plus grande, intervient auprès de la commune, afin de recevoir une parcelle communale pouvant servir de cimetière. Le conseil communal, qui traite l’affaire dans sa séance du 26 septembre 1890, exige une preuve écrite, e. a. que les juifs se chargent de l’entretien du cimetière. Quatre mois plus tard, une commission est nommée et chargée de désigner une parcelle communale à la communauté israélite. Celle-ci envisage d’attribuer aux israélites une parcelle de 4,5 ares située à l’extérieur de la ville. Cette proposition ne trouve pas satisfaction auprès de la communauté, qui, néanmoins, demande un subside considérable de la part de l’Etat, en ce qui concerne l’aménagement d’un tel cimetière.

Le 10 août 1892, le conseil communal s’engage à octroyer une parcelle de 5,80 ares, située «op Fooscht» à la communauté israélite, et exige e. a. qu’uniquement des juifs de Grevenmacher y soient enterrés, vue l’exiguïté du cimetière. Les conditions exprimées suscitent l’insatisfaction de la communauté, qui exige e. a. que le cimetière à construire puisse fonctionner selon son propre règlement.

Une visite au cimetière israélite de Grevenmacher, dans le cadre de la Journée européenne de la Culture Juive en 2013. (Photo: Monique Hermes)

Après d’autres propositions de la part de la commune et des contre-objections de la part des juifs, le comité des israélites de Grevenmacher décide d’acheter la parcelle proposée par la commune. Les frais d’achat et d’aménagement du cimetière sont portés par les israélites, qui obtiennent deux subsides consécutifs (300 francs en 1893 et 250 francs en 1894) de la part du Directeur général du Travail pour la construction du cimetière.

En 1894, les Israélites décident d’entourer le cimetière d’une muraille avec une porte grillagée en acier, afin de délimiter la parcelle achetée. Afin de l’utiliser de façon optimale, on avait prévu d’aligner les tombes en quatre rangées, avec un passage assez large au milieu. Les deux rangées à droite hébergent les sépulcres les plus anciens, tandis que les tombes les plus récentes se trouvent plus près de l’entrée.

Les enterrements israélites ont lieu l’après-midi à 15.00 heures. Les endeuillés et amis du défunt se réunissent près de l’oratoire avant de partir en procession jusqu’au cimetière israélite. Les israélites disposent d’une carriole et de chevaux, gardés dans l’écurie de la synagogue, afin de transporter le corps du défunt au cimetière, qui est équipé d’une remise.

En 1897, le cimetière israélite de Grevenmacher entre en fonction lors de l’enterrement de Sara Wilkow, âgée seulement de 17 ans. A ce jour, le cimetière juif de Grevenmacher, quatrième cimetière israélite ayant été érigé au Luxembourg, compte 43 tombes, dont la dernière a été érigée en 1988, pour l’inhumation d’Alphonse Wolf.

Le cimetière israélite de Grevenmacher en 2009. (Photo: André Ney)

Résumé fait par Monique Hermes, échevine à la culture, août 2019.

 

Sources:

  • La communauté juive de Grevenmacher (des origines à 1964)
    NEY André, Professeur-candidat, Ecole privée Sainte-Anne
    Travail de candidature (2012) sous la direction de M. Marc Schoentgen.
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